“La 5G libère l’entreprise d’une infrastructure physique câblée, ce qui facilite les modifications et adaptations de la chaîne de production.”
“La 5G débarque : bonne nouvelle ?” C’est sous ce titre un peu provocateur que démarrait l’une des conférences du SIDO 2020, événement européen dédié à l’IoT, l’IA et la robotique, qui s’est déroulé début septembre à Lyon. Jehanne Savi revient sur son intervention : “Une chose est sûre, les usages temps réel se développent. Certaines études estiment que, d’ici cinq ans, ils concerneront 30% des données générées. On parle ici de volumes conséquents, avec notamment le traitement vidéo live, grâce à la vision par ordinateur et à l’intelligence artificielle, mais aussi de l’Internet des objets dans une moindre mesure. Les nouvelles technologies, en tant qu’architecture de bout en bout combinant réseau à la demande, connectivité 5G et edge computing, sont la réponse technique au développement de ces nouveaux usages, de façon très différenciante par rapport à la 4G et au cloud centralisé.” Cette promesse est notamment incarnée par le slicing, grâce auquel il est possible d’adapter la qualité de service et le niveau de sécurité à chaque usage.
L’industrie à un tournant
Au port d’Anvers, Orange mène une expérimentation qui illustre bien le potentiel du slicing : “C’est un contexte intéressant, car il regroupe plusieurs acteurs avec chacun leur activité propre. Sur le site, nous avons construit deux slices publics pour des flux non sensibles, multi-clients et multi-applications, et six slices privés, dédiés à des clients et à l’un de ces nouveaux usages spécifique à leur activité. Par exemple le bateau de remorquage qui assure le pilotage des navires dans le port : une tâche complexe, dans un espace contraint, avec des enjeux de temps réel. Le système que nous avons mis en place combine captation vidéo de l’environnement et infos IoT tirées notamment des radars. En parallèle, nous travaillons avec le groupe Lacroix sur des sujets de logistique autonome mêlant robotique et vision.” Selon les cas, la fibre peut répondre à ce type d’usage. Mais la 5G présente l’avantage de libérer l’entreprise d’une infrastructure physique câblée, ce qui facilite les modifications et adaptations de la chaîne de production. Or c’est là l’un des défis de l’industrie, qui voit aujourd’hui se bouleverser ses modèles de production – voire ses modèles économiques – avec davantage d’exigence de flexibilité.
Au-delà de l’usine 4.0
La force de ces modèles “à la demande” est d’être en permanence au plus près du besoin, avec à la clé une optimisation économique et environnementale. Parmi les premiers bénéficiaires de ces caractéristiques propres à la 5G, on trouve aussi les Smart Cities et Utilities, en particulier les secteurs de l’eau et de l’énergie. L’expérience client n’est pas en reste. Par exemple, en gare de Rennes, Orange et SNCF conduisent un projet de téléchargement quasi-instantané de contenus haute-définition. Cela fait partie des pistes explorées par SNCF pour améliorer ainsi l’expérience client sans couture entre gare et train, y compris lors de ses temps d’attente. Les pistes sectorielles sont nombreuses : pour l’expérience client et l’efficacité commerciale dans la distribution, pour la sécurité des employés dans les secteurs de la fabrication ou de la construction, etc. Côté B2C, les pistes de développement sont quasi exclusivement liées aux réalités augmentée et virtuelle, autour du jeu ou de l’événementiel. Mais, si ces domaines sont prometteurs, ils sont loin d’être mûrs en termes d’usages. Car c’est aussi un chemin de transformation à parcourir pour les entreprises voire une rupture sur leur modèle d’affaires à conduire.
Un horizon en commun
En termes de technologie, enfin, certaines barrières doivent encore être franchies. À ce jour, il existe peu de modems 5G pour l’IoT, et les expérimentations restent concentrées sur les slices statiques. Les objectifs doivent être portés conjointement par les industriels et les opérateurs, avec une priorité donnée à l’interopérabilité, qui passe par la multiplication des API. “C’est une nécessité pour garantir la disponibilité et la promesse de “qualité à la demande” sur le service de bout en bout. Entre acteurs de l’IoT et de la robotique, de la connectivité, du cloud et du monde applicatif, la co-innovation est en bonne voie. En témoigne le partenariat récemment signé entre Orange et Google, qui comprend un large volet innovation portant sur l’edge computing. Avec cet intérêt stratégique partagé, nous allons jouer de notre complémentarité : Orange sur la connectivité, Google sur le cloud computing, pour nous positionner avec succès sur ce marché émergent. L’edge computing, y compris la capacité à faire de l’IA “at the edge”, va probablement cristalliser les ambitions des écosystèmes des télécoms et de l’IT dans les prochaines années, puisqu’il ouvre toutes ces nouvelles opportunités.”