« L’un de nos principaux objectifs : permettre d’accélérer la marche vers la convergence, c’est-à-dire l’accès au plus grand nombre à l’internet haut débit quelle que soit la situation »
Pour apporter le très haut débit dans les foyers européens, Orange a fait le choix de la fibre. Avec 25 millions de foyers connectables, le groupe leader européen accélère encore le déploiement de l’Internet très haut débit. Mais dans certaines zones suburbaines, il peut s’avérer difficile de déployer la fibre jusqu’au client final, pour les techniciens confrontés à des défis techniques qui peuvent se révéler en outre chronophages. Dans le but de développer des offres complémentaires et apporter le très haut débit à ses clients, Orange explore de nouvelles solutions, comme l’accès fixe par la 5G.
L’idée n’est certes pas nouvelle : l’usage des réseaux de téléphonie mobile (3G, 4G) pour permettre l’accès à Internet dans le cadre d’un usage fixe a déjà été exploité par le passé. Ce qui change, c’est l’utilisation de très hautes fréquences (26 GHz) qui permettent de déployer un réseau dont les propriétés permettent d’atteindre une latence très faible et une bande passante inédite : elle peut être jusqu’à 10 fois supérieure à ce qu’offre la 4G aujourd’hui.
Concrètement, il s’agit de mettre à disposition du client final une solution sans-fil au déploiement rapide, celle-ci offrant les mêmes caractéristiques techniques que le très haut débit amené par la fibre. Les avancées techniques des partenaires d’Orange Samsung et Cisco, (qui sont les premiers à proposer, sur le marché, des solutions 5G de bout en bout capables d’exploiter les très hautes fréquences), permettent aujourd’hui de mettre en place un test grandeur nature de cette solution.
Ce projet est stratégique puisqu’il permettra de montrer la viabilité de l’accès fixe par la 5G sur le plan technique, puis de poser les bases d’un nouvel écosystème où tout reste à construire. Du déploiement du réseau au matériel capable de se connecter à cette nouvelle fréquence, en passant par la disponibilité des fréquences qui permettra son exploitation sur tous les territoires européens, Orange ouvre la voie de la structuration du marché européen des télécommunications de demain. L’expérience acquise lors de ce premier test va permettre de mieux maîtriser les enjeux stratégiques et techniques de l’internet du futur, au service du plus grand nombre.
Pierre Dubois, responsable d’équipe chez Orange Labs, et Iulian Gmiga, Architecte de transmission chez Orange Roumanie, répondent à nos questions autour de ce projet.
En quoi consiste précisément le test prévu en Roumanie ?
Iulian Gimiga : Il s’agit de proposer aux clients sélectionnés de tester l’accès fixe par la 5G comme moyen d’accéder à un internet très haut débit, sur deux sites différents. Cette opération aura lieu durant l’été sur une période de 3 mois : deux mois de mise en place et de désinstallation et un mois pour le test lui-même.
Pourquoi est-il important de miser sur cette technologie dès aujourd’hui ?
Pierre Dubois : L’un de nos principaux objectifs est de permettre d’accélérer la marche vers la convergence, c’est-à-dire l’accès au plus grand nombre à l’internet très haut débit quelle que soit la situation. Cependant, dès lors que l’on s’éloigne des immeubles et des centres urbains à forte densité pour aller vers les banlieues ou la campagne, le déploiement du réseau FTTH (c’est-à-dire la fibre jusqu’au domicile) peut rencontrer des difficultés techniques. Son installation, plus coûteuse, peut prendre du temps puisqu’elle est notamment soumise à une demande de permis de construire auprès des collectivités.
Iulian Gimiga : Avec l’accès fixe par la 5G, nous voulons répondre à cette problématique par le déploiement d’un réseau sans fil offrant le même niveau de performance que la fibre. Cette solution se positionne alors comme un complément à notre offre fibre existante. Elle permet d’élargir le portefeuille de solutions que nous pouvons proposer au client final. L’un de ses avantages est qu’elle est déployable rapidement : elle permettra donc également de répondre à la problématique du « dernier mètre » posée par la fibre dans certaines situations et donc de diminuer les coûts.
Pierre Dubois : Ce test est particulièrement stratégique. C’est une première étape vers la structuration d’un écosystème autour de la 5G pour l’accès fixe. De plus, nous pourrons capitaliser sur le savoir acquis lors de cette expérience pour nos futurs déploiement 5G mobiles.
Quels sont les besoins techniques au développement de l’accès fixe par la 5G ?
Iulian Gimiga : Notre objectif est de nous rapprocher au plus près des performances et du ressenti qu’offre la fibre. Pour cela, nous utilisons de très hautes fréquences (26 GHz) qui ont la particularité d’offrir une latence faible et une bande passante de plusieurs centaines de Mhz. Cependant, à ces fréquences, la propagation est plus difficile et la portée des stations de base beaucoup plus réduite.
Pierre Dubois : Ces caractéristiques techniques posent un défi que nous pouvons relever grâce à nos partenaires Samsung et Cisco. Ils sont parmi les premiers à proposer sur le marché une solution pré-standard de la technologie qui permet de travailler sur ces fréquences. Nous utilisons le « Massive MIMO » (un nouveau type d’antenne intelligente dans lequel sont groupés plusieurs centaines de transmetteurs radio miniature) pour focaliser le signal. Cette focalisation permet de compenser la perte de propagation due aux hautes fréquences.
Ce test se passera donc en Roumanie, Iulian pouvez-vous nous en dire plus ?
Iulian Gimiga : Nous avons constaté qu’en Roumanie les enjeux de convergence rendent l’accès fixe par la 5G particulièrement attractif. C’est un marché très ouvert à l’adoption de nouvelles technologies. Autre point crucial de cette décision, la fréquence 26GHz y est peu exploitée.
Pourquoi est-il important de tester cette technologie ?
Pierre Dubois : L’allocation des fréquences abordée par Iulian. est un point critique dans le déploiement de l’accès fixe par la 5G et de la 5G de manière générale. Tester cette technologie en conditions réelles permet également d’alimenter par un retour d’experience les discussions en cours au niveau Européen sur l’allocation de ces nouvelles fréquences. Ce que nous allons réaliser en Roumanie a pour vocation de lancer tout un écosystème en Europe.
Iulian Gimiga : L’idée d’écosystème est particulièrement structurante. Nous sommes sur des bandes de fréquences nouvelles, ce qui a de nombreuses implications au-delà de la réglementation. Nous devons appliquer des nouvelles règles pour dimensionner correctement ce nouveau réseau. Ces tests nous permettront justement de comprendre, grâce à nos partenaires et à nos équipes, dès maintenant les particularités de l’exploitation de ces nouvelles fréquences. De plus nous ferons face aux spécificités d’une architecture réseau très différente puisque virtualisée… Un autre challenge ambitieux !
Pierre Dubois : Cela permettra également aux constructeurs de mobiles et d’objets connectés de créer des produits connectables à ce réseau et ouvrant des possibilités étendues sur ce nouveau marché. C’est un premier pas dans un domaine où tout est à construire… C’est passionnant !